Dia Tres : Liberté pour les toucans blancs

SAINT-ANNE-DES-MONTS-DE-BRIE-CANADIEN-DE-PIED-DE-VENT-D’OKA-DE-CHEDDAR-FORT-D’ÉMENTAL !

Ça y est. Je suis fichue. Tout espoir de rémission est vain.
Il n’y a plus aucune alternative possible : je dois IMPÉRATIVEMENT faire l’acquisition de 3 paires d’yeux supplémentaires. Ou alors, m’intraveiner au 20-20-20 (de l’engrais, en jargon botanique) jusqu’à ce que quatre nouvelles têtes me poussent : l’une pour regarder ou je marche et s’occuper de mes MAINS-FESSES-PIEDS ; l’autre pour scruter le sol à la recherche d’une grenouilles phosphorescente de la taille d’un scottish terrier (EH, OH: un petit scottish terrier, n’exagérons rien) ; une autre pour scanner le dessus et le dessous de chaque feuille dans l’espoir d’y voir une tarentules grosse de 6 mètres manger un singe-araignée (haha, c’est ironique) ; une encore pour percer les hauts feuillages des arbres immenses, au cas où on n’y verrait pas quelque singe ou alors Sam le Toucan (blanc, comme le veut la chanson de Jean-Leloup) …et celle qui reste pour parler aux singes hurleurs, mordre d’éventuels attaquants, chanter des sérénades de circonstance puis débiter des BabelibopBOP à tout vent… Car OUI, j’ai soumis mes compagnons au puissant courroux du Great Babelibopbop.


LA JUNGLE, ÇA TOOOOOOORCHE !

Il y a beaucoup trop de choses à regarder pour une seule tête ! Je suis aux bords de la combustion spontanée, tant la surexcitation me tenaille.

Même mon exacerbation est exacerbée.

Nous sommes arrivés à la station La Suerte - dans laquelle nous aurons l'incroyable chance de passer une semaine complète
(*TOUSSEvraimenttiptopgénialeformiformiformiformidable*TOUSSE)- vers 11h00 ce matin, après avoir tôt fait de quitter la capitale, San Josée. Pendant le trajet sinueux parmi les montagnes, j’oscillais combativement entre éveil et sommeil devant le paysage fou-braque qui nous entoure. Quel décor de OUF! Juracik Park, tu peux aller te rhabiller !

Histoire de se ravitailler, nous faisons escale dans un supermercado, le dernier que nous croiseront avant plusieurs jours. Ici, les Frosted Flakes s’appellent des ZUCARITAS, et tous les personnages de Kellogg’s (Sam, Tony, le coc vert sans nom ni personnalité, dieu ait son âme), sont dessinés d’une façon légèrement différente qu’en Amérique du Nord. Voulant faire de moi une dure de dure qui n’avalera que du riz et des fèves, je ne m’achète qu’une pomme (qui a poussé au Etats-Unis, comme je l’apprendrai quelques minutes plus tard en la débarrassant de son étiquette). Oh, et une paire de lunettes teintées, très discrètes et sobres, qui m’auront valu 1750 colones.

Le Bus Magique s’enfonce de plus en plus profondément dans les « rangs » de bananiers, talonné par celui du groupe de St-Jean sur Richelieu (l’un des groupes d’étudiants qui nous côtoiera, à la station). Nous croisons les bananeraies de Doles, dont les régimes de bananes sont tous recouverts de sacs bleus. L’autobus bravera même la mort en passant, tel l’agile scooter qu’il est, sur un pont lilliputien d’une règle et demie de large (chose que j’aime le plus au monde # 4732 : extrapoler). VIVANTS, NOUS SOMMES TOUS VIVANTS !!

Puis, nous arrivons à La Suerte.
WOWOW !

La station se trouve entre deux forêts (la Small Forest et la Large Forest). Un bâtiment principal (la Main House) tient lieu de cafétéria, de pont avec le monde extérieur (téléphone oblige) et de dortoir pour les professeurs. Il y a des hamacs au second étage, des cocotiers partout, des oiseaux jaunerougenoirjauneblancbruns qui passent, un lézard qui lézarde sur une roche, de petits chiens qui vaquent à leurs occupations de petits chiens, des piles de masses de boue renfermant des bottes de caoutchouc et pas de vitres aux fenêtres : que des moustiquaires.

Nous allons porter nos bagages aux cabines, situées à 3 minutes et des poussières de la Main House. Nos dortoirs, unisexes, sont constitués de béton, de tôle et d’une tranche de matelas mousse sur chaque lit superposé, et les commodités d’une douche au jet de robinet et d’une toilette dont la force herculéenne de pompage nous octroie de l'obligation de jeter le papier dans la poubelle, après utilisation. LA VIE EST UN SPORT DANGEREUX! Pour éviter les invasions de fourmis, il faut tracer une bande de savon autour des poteaux des lits. Très pratique, pardi. Aussi, nous partagerons cet espace douillet comme tout avec Gérard le Lézard, un petit gecko trouvé entre deux lits. Il y a des arbres tout autour, des fruits - de ceux que l'on ne connait même pas - à portée de main, quelques cocotiers aux alentours et des hamacs partout.


Après les explications de Michelle (qui gère la station) sur les quelques règles de la maison (par exemple, de ne pas aller seul en forêt la nuit "to have fun and sex" ou "funny insects", au choix de l'hallucination auditive entendue...) et le repas, Karine amène tout la troupe se ballader en forêt.
Est-il possible d'imaginer quelque chose de plus MALADE? C'est un rêve d'enfant aventurier, en fait. Je comprends à l'instant même l'enthousiasme perpétuel (maladif?) de Dora l'exploratrice. Tout a de quoi impressionner! D'ailleurs, il est fort probable que le seul fait d'entrer dans la jungle a les vertus de débarasser les aveugles de leur cécité et d'apprendre aux roches à être émerveillées. Il faut regarder partout, partout, partout, pour ne rien perdre. Il y a des termitières sur certains arbres, des nids de fourmis gros comme la murale de Chine, des forêts de bambous, des fleurs à colibris, de la boue partout. Nous croisons des Cappucins, des dendrobates, des papillons, des toucans (!!!), un gros serpent, des lézards, trois Tyrex, une manthe religieuse en forme de feuille (que nous avions prise pour un phasme)... Je peux indéniablement mourir, désormais.


Note à moi-même :
La jungle devrait être munie de panneaux annonçant les traverses de fourmis coupeuses de feuille. Ou, mieux encore, un écriteau orangé où il serait écrit ANTS AT WORK. Car dans le monde des fourmis, il n’y a que des fourmis. Des autoroutes de fourmis, des ascenseurs de fourmis, des fourmis extraterrestres, et tout, et tout.

BREF: ce jour fut l'un des plus formidables de ma vie (comme les quelques 6935 autres...). Je vivrai dans une cabane dans un arbre de La Suerte N'IMPORTE QUAND. Et je me rends de plus en plus compte qu'il y a vraiment de belles personnalités, autour de moi, dans le groupe!



Vive la vie.


Ohlàla… Je crois que je ne suis vraiment pas douée pour condenser de l’information. Il faudra que j’y travaille…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ahah!

même avec toute la fougue qui transparait à travers ton écriture, ya même pas de mot pour décrire la face que tavais la premiere fois où on est allés dans la jungle :O

Et je suis 100% d'accord avec toi, la jungle, ca torche!