Dia Uno: Printemps été

31 Décembre. Temps de fin du Monde.

Si j'abandonne derrière moi le reste du régiment dans une passagère et douloureuse accalmie, c'est pour me jeter dans la gueule du loup, dans une tuerie sans merci contre l’ennemi.

3h15 du matin. J'amorce avec peine mon horizontalisation léthargique, après avoir vaincu les convois lugubres de ViaRail, les indigènes de Charny et la forêt amazonienne de mes jambes, désormais victorieuse d'une bataille sanglante de déracinement pileux.

4h50... 5h00 avec le facteur snooze. Au son des tambours guerriers, j'émerge pâteusement du frugal sommeil dont Morphée me fit cadeau, enfin prête à trimballer près de 20 kilos de Ziplocs de soldat sur mon dos de soldat, après avoir gerbé 3 fois sur mon déjeuner de soldat, et achevé ma vaisselle de soldat. J'entends l'écho lointain de I was made for lovin you de Kiss, vieille blessure de guerre datant de mes nombreuses années au service de l'irascible Patrick Rehel et de son démonique test navette. Du conditionnement, que ça s'appelle.

Cinq heures plus tard, dont deux en tape-derrière, l'hyperactive que je suis (bof, vous savez: si peu...) tombe en admiration éperdue devant l'aéro porc de Dorval. Les gens, les bagages, les tapis roulants voyageant à la vitesse du son, les Duty Free ET, summum de l'exotisme, ces charmants et délicats employés, dont le bonheur et la joie de vivre ne peuvent qu'être intarissables. Sans parler des bouliers mystiques pour enfants, et des p'tits monsieurs à bicyclette édashou tricycle, qui font sans l'ombre d'un doute la course dans les corridors de la mégalopole aérienne.
ÇA Y EST, J'EN AI DÉJÀ VU ASSEZ: PLUS BESOIN D'ALLER AU COSTA RICA.

Le groupe traverse l'aéroport et atteint enfin le quai d'embarquement 60, soit après avoir parcouru l'équivalent de la distance entre Turin et Palerme. Trente-huit fois.
Au son du « tûttûttûtblablabla airbêteblabla » signifiant notre departure, nous entrâmes à bord de l’avion, joyeux compères que nous étions.

Je m’abstiendrai de m’étendre sur le déroulement on ne peut plus banal (MERVEILLEUX) de ce déplacement (ÉPOPÉE) dans ce moyen de transport désuet (DÉBILE MENTAL), pendant ces quelques (INTERMINABLES) heures (ANNÉES). À titre posthume : j’ai côtoyé un heptagénère volubile, mangé un biscuit chinois m’incitant à être nomade, illégalement assisté à la bande sonore d’un des deux films projetés grâce à des écouteurs NON AIRTRANSATIENS (nierknierknierk), vécu les 5 plus belles minutes de ma vie dans les WC et rempli un tas de petits papiers servant SOIT aux douanes, SOIT à vendre mon âme. J’aime tellement l’avion, que plus tard, c’est ce en quoi je compte me réincarner (ambition # 138 : devenir un avion).

Pendant tout le voyage : survol de cumulus, de cirrostratus et de nimbus 2000. Puis, on amorce la descente, déchirant finalement l’épais coton de vapeur d’eau condensée que forment les nuages.

HERE COMES THE SUN, tu tu tutu!

Un mot, une syllabe, 3 lettres : WOW.

C’est vraiment… magnifique. L’appareil volette au-dessus de la broussaille et des montagnes qui s’étreignent en chaînons colossaux; on sent presque l’odeur chaude de la brise d’été. On voit au loin d’infimes taches vertes, les arbres, que l’on devine gigantesques, aux feuilles de pétasite. Et les maisons, modestes, colorées, grillagées.

Wow, wow et triple-wow.

BON. C’est pas tout, mais il faut bien atterrir un jour, non?!

Voilà chose faite. Maintenant, il faut sortir vivant de l’aéroport… Passeport? Oui. Billet de retour, portefeuille? Hmm, oui. Paperasse, douanes, bottes de caoutchouc, espagnol, Hola, si, muy bien, gracias, vamos a la playa? Oh, et mon sac IndianaJonesque. Alors, j’ai tout? Mais je vais où? Suivre le groupe, suivre le groupe… Non, Charlotte : pas le temps de jouer à cache-cache avec le petit garçon qui court partout, aux chaussures qui s’illuminent sous ses pas. Bon, d’accord, mais pas longtemps… MAINTENANT, tu suis le groupe.

Heureuse fus-je, en cette journée épique, de faire partie d’un voyage organisé par le cégep… Je réalise, en sortant de l’aéroport, sous les propositions diversifiées (et je cite : « TAXI !» « TAXI !» « TAXI !» « TAXI !» « TAXI !» « TAXI !» « TAXI !») des chauffeurs de taxis insistants et sous la nuit qui commence à tomber, que ce n’aurait pas été une mince affaire d’avoir à me sortir seule d’embrouilles dans un pays dont je ne connais que le Gallo Pinto, ET ENCORE. Et je vénérai, à ce moment précis, ma muse d’aventure qu’est Catherine Cyr Wright, partie seule au Vietnam depuis voilà 3 siècles.

Assise dans le Bus Magique qui s’est asservi de la mission de nous trimbaler partout au Costa Rica, mon énervement est à son paroxysme : j’ai les yeux exorbités devant les paysages qui défilent. C’est San Josée, la capitale. Il y a des panneaux publicitaires en espagnol, des commerces, des hôtels, mais aussi des rues moins fréquentées, des gens louches, et des quartiers bondés de petites maisons aux toits de tôle, dont les fenêtres - sans vitre - sont bien gardées par d’épais barreaux, et autour desquelles de lourdes clôtures montent la garde. C’est vraiment intéressant de voir la fierté des habitants et leurs efforts pour protéger leur masure, quelle qu’elle soit.

Nous finîmes par arriver au Best Western Irazù. Heureuse je fus de me rendre compte qu’il y avait là plus de bacs de recyclage que de poubelles! L’écologie est très prisée, ici. Le gouvernement protège un bon pourcentage de territoire et de forêts, et il encourage beaucoup les industries écolos. Ce qui me perturbe un peu plus, par contre, ce sont les immenses posters aux messages réprobateurs diffamant tout acte sexuel prodigué sur quelque mineur, qui trônent sur les murs de l’hôtel… Hum. Si ça existe, c’est que ça a déjà été (ou l’est encore?...) un problème.

Je me dépêchai de me garocher sur le premier palmier venu, question d’en tâter un pour la première fois de ma vie. MAIS QUELLE TEXTURE! Il y a une épicerie toute proche, et une pharmacie pas loin. Chic! Ce sera utile, pour leau. Un peu partout se trouvent des machines à toutous, des jeux de pinballs, parfois côte-à-côte, comme si la demande était si forte qu'elle imposait la nécessité d'avoir au moins deux machines par commerce. Pourtant, on dirait que personne ne s'en sert jamais...

Même les bornes fontaines sont différentes! Et de temps en temps, on croise une vache peinte de couleurs vives. Ce sont des oeuvres qui ont été créées lors d'un concours d'art qui a eu lieu a San José, il y a quelques semaines... L'hôtel en a acheté quelques-unes, et les laisse brouter ici et là.


Je passe sous silence tous les détails de la soirée (car qui dit 31 Décembre dit 1er Janvier…), et me contenterai de dire que c’est quelque chose de contradictoire que de souhaiter la bonne année quand il fait 25 degrés Celsius à l’extérieur et que des palmiers surplombent votre tête.

La journée de demain promet d’être fichtrement excitante, ne serait-ce parce qu’il s’agit de la première passée au Costa Rica.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

completement malade!

Técris bien, jaime ca te lire. Et je vais sans aucun doute continuer a visiter ce blog pour avoir la suite. Je vais meme faire comme si je savais pas ce qui allait se passer...